Pour nous suivre sur les réseaux sociaux         

         Pour nous écrire => contact@inerastan.org            

Bolghar et la Volga

   

La citée historique en partie restaurée ...

La ville moderne de Bolghar est située au Tatarstan sur la Volga, à 120 kilomètres au sud de Kazan. Elle est réputée pour abriter les vestiges d’un des plus importants sites historiques du Tatarstan.

L’ancienne citée de Bolghar était au 10ème et 11ème siècles la capitale de la Bulgarie de la Volga, l'un des plus grands États féodaux précoces de l'Europe orientale. Puis, au 13ème et 14éme siècles elle a été la première capitale de la Horde d'Or (Ulus de Djötchi). C’est ici que furent frappées les premières monnaies de la Horde d'or sous le règne de Berké Khan (petit-fils de Gengis Khan, 4ème Khan de la Horde d’Or, ndt) vers 1240-1250.

Elle est située à un très important endroit tant stratégique que marchand, au confluent des deux rivières Volga et Kama. Déjà au début de son existence, elle a joué un rôle très important pour les peuples de la Volga et de l’Europe de l’est.

En 922 les Bulgares de la Volga se sont convertis à l’Islam, qui est devenu la religion d’état. Ils font partie des ancêtres des Tatars de Kazan modernes.

La Bulgarie de la Volga est alors connue dans le monde comme un pays constitué de plusieurs villes, brillant par leur architecture, leur commerce, leurs activités d’industrie, de science et de littérature. Elle a développé de la métallurgie, de l'artisanat de bijoux, de cuir, de poterie et autres objets d'artisanat. Elle a également développé agriculture et élevage, qui, avec le commerce extérieur et intérieur intenses ont assuré le développement d'une économie diversifiée de l'Etat.

Certains produits bulgares étaient exportés à l'étranger en grandes quantités. D’ailleurs, à l’époque et jusqu’à maintenant, chez les peuples turcophones, les cuirs bien traités s’appellent « Bolgarie ». Pour la métallurgie il faut savoir que les Bulgares ont été les premiers en Europe orientale à fondre le fer.

Bolghar en raison de sa situation géographique, est alors devenue un centre international du commerce. Elle a exploité un grand marché - Aga Bazaar - où les marchands commerçaient avec l'ensemble du monde.

Il y avait à Bolghar le palais du Khan et une grande mosquée, et y travaillaient des savants et des poètes.

L'histoire a conservé les noms de « Kul Gali » qui a écrit le très célèbre poème «Yusuf et Zuleikha" qui fait partie de la culture islamique mondiale, l’érudit et historien Yakoub Ibn Nugman, et le philosophe Hamid al-Bulgarie. De nombreuses inscriptions sur des bijoux, du métal, et surtout sur de la pierre montrent une large diffusion de l'alphabétisation parmi la population.

Mais le développement pacifique de la nation bulgare, connaît sa fin au 12ème et 13ème siècles, sa prospérité étant interrompue par l'invasion mongole (tartaro-mongole, ndt). En 1223, les armées de Gengis Khan, après avoir conquis toute l'Asie centrale et traversé la chaîne du Caucase ont atteint la steppe de Kiptchak (steppe polovtsienne, ndt). Il y eut en mai 1223 une grande bataille sur la rivière Kalka au cours de laquelle les troupes alliées russes et polovtsiennes ont été battues. 

Après cette bataille, les troupes mongoles sont reparties vers l'est après avoir traversé tout le pays des Bulgares de la Volga.

Cependant, les Bulgares de la Volga s’étaient bien préparés à faire face aux intrus. Ils avaient construit des fortifications spéciales, et ont riposté en attirant l’armée ennemie dans une embuscade. Cette défaite mongole, avec la défaite de Pervane en 1221 (en Perse, ndt) sont des exceptions par rapport au succès de la conquête armée tartaro-mongole. Les Mongols ne pouvaient pas supporter cela. En 1229, les Bulgares et les Coumans ont été à nouveau défaits par les Mongols sur la rivière Yaik (l’Oural).

En 1232, les Mongols atteignent le confluent de la Kama et de la Zhukot (près de Tchistopol, sur la Kama au sud-est de Kazan, ndt). Enfin, en 1236, l'armée tartaro-mongole ravage l'ensemble de la Bulgarie de la Volga-Kama. En 1239, les Mongols conquièrent de nouveau la Bulgarie de la Volga. En 1240, après deux rébellions successives, la Bulgarie de la Volga est devenue une partie de la Horde d'Or.

Cependant, l'agitation continue longtemps dans la région, et les Mongols ont du plusieurs fois « pacifier » les Bulgares rebelles.

Bolghar, devient de fait l'une des capitales de la Horde d'Or dans la première moitié du 14ème siècle et atteint son deuxième sommet. Des chroniques russes l’appellent la « Grande Bolghar », et les sources orientales le « Trône d'Or ». Au 14ème siècle, en 60 ans, la ville s’est entourée d'un fossé et de fortifications en chêne. Elle est devenue alors l'une des plus grandes villes d'Europe orientales avec une population de plus de 50.000 personnes.

Bolghar a toujours attiré l'attention des chercheurs.

  

Par exemple, lors d’une célèbre visite de Pierre le Grand à Bolgar, il promulgua le premier décret de Russie concernant la conservation des monuments.

En 1722, en descendant la Volga jusqu’à la mer d'Azov, Pierre le Grand, remarqua une vieille ville fantôme, où se trouvaient les vestiges de plus de 70 monuments. Il commanda de faire un répertoire du patrimoine et publia un décret obligeant le gouverneur de la province de Kazan de le réparer et de le conserver. Mais les descendants ingrats n’ont pas exhaussé son souhait. À ce jour, seulement six des monuments admirés par Pierre le Grand sont en état.

Il reste cependant des traces sympathiques pour les générations futures. Un vaste monticule, entourée d'un fossé et rempart de plus de sept kilomètres a survécu, avec des monuments tels que la Grande Mosquée, trois mausolées, un petit minaret, la « Chambre Noire », les « Bains Rouges » et la « Chambre Blanche ». Tous sont des objets de pèlerinage pour les musulmans, et de visite pour de nombreux touristes et admirateurs d'antiquité. Bolghar, considérée dans son intégralité, reflète non seulement l'histoire de la civilisation des Bulgares de la Volga, mais aussi le passé de l'Islam russe.

 

Texte Nursyui Shaydullina

Traduction Inera Safargalieva et Jean Potier

 

 

Avant la visite de Bolghar, quelques photos prises sur la Volga de Kazan à Bolghar par une journée d'été fort orageuse...

 

 

Texte Jean Potier

Photographies Inera Safargalieva

  

powered by and  /  developed by Artur Karamov and Jean Potier